Les 50 ans du Centre de Documentation Economique et Sociale
Le CDES a fêté ses 50 ans le 4 Mai 2013, avec une certaine solennité, mais surtout beaucoup d'amitié partagée.
Un anniversaire, dans toute vie humaine, c'est l'occasion de voir se rassembler autour de soi ceux et celles qui nous sont chers, ceux et celles qui comptent dans nos vies. Le 50 ème anniversaire du CDES, ce fut d'abord cela : donner la possibilité à ceux qui ont fréquenté le Centre de se retrouver. Certains sont abonnés depuis plus de 40 ans, jeunes lycéens, puis étudiants de la nouvelle Université d'Es-Senia ; d'autres ne sont inscrits que depuis un an ou deux, mais participent déjà activement de l'esprit du CDES. Etaient présents aussi tous les collaborateurs actuels du Centre et quelques uns parmi les plus anciens.
Cinquante ans, c'est l'occasion de se remémorer le passé, de faire un retour vers ses origines. L'intervention du Père Bernard Janicot, son actuel directeur, nous entraîna 50 ans en arrière, du temps du Secrétariat Social, de ses quelques centaines d'ouvrages, de ses dizaines d'abonnés, pour nous ramener jusqu'au présent des deux lieux du CDES avec leurs 40 000 ouvrages, près de 100 000 articles recensés, et leurs 2500 inscrits. Monsieur Ahmed Bouyacoub rappela le rôle prépondérant du CDES dans les années 70-80 ; il était alors quasiment le seul lieu de documentation en sciences sociales et humaines sur la ville d'Oran. Lieu de documentation, certes, riche de ses nombreuses collections de revues, indispensables aux chercheurs, magistrants, doctorants, enseignants, mais aussi « bouillon de culture » où il était possible de venir échanger, tester ses idées, préparer cours, articles, interventions… Plus tard dans la journée, Leila Tennci, directrice du CDES-Sophia, nous fera part, avec beaucoup d'émotion, de l'histoire de ce second lieu, ouvert en 1991 sur la Rue Ben M'hidi, par les pères jésuites Paul Decisier et René Tardy, pour accueillir les ouvrages d'histoire et de philosophie, puis de psychologie.
Cinquante ans, c'est une durée suffisante pour accumuler de la mémoire, une abondante mémoire vivante, mais aussi de nombreux documents rares. Mr Kouider Metair s'en fait l'écho en citant deux ouvrages importants de l'histoire d'Oran qu'il a pu consulter et sur lesquels il a pu travailler grâce au CDES-Sophia. Il avait été précédé de Monsieur Saddek Benkada qui avait replacé le CDES parmi les autres lieux de documentation et de culture présents sur la ville d'Oran depuis les années 70. Ces différentes interventions permettent à ceux qui n'ont pas connu cette période de mieux saisir la place du CDES dans la vie culturelle et universitaire d'Oran depuis 1963.
Parler du passé, c'est normal pour un 50 ème anniversaire, mais il fallait se garder de toute nostalgie, et le présent devait aussi retenir toute notre attention.
Dès le début de la matinée, Monsieur Abdelkader Lakjaa donna le ton de la journée d'étude en posant la question : « Qu'est-ce qu'un lecteur vient chercher aujourd'hui dans une bibliothèque ? » Est-ce seulement des documents, des livres, des revues ? N'es-ce pas aussi un lieu, un espace, une atmosphère, une ambiance ? Une bibliothèque est-elle seulement un ensemble de documents ? L'intervention, fort documentée, de Monsieur Abdelkader Abdellilah, apporte déjà un premier élément de réponse à la question, à travers une information sur les nouvelles sources de documentation via internet. Celles-ci de plus en plus nombreuses, de plus en plus accessibles, mais dans lesquelles il est parfois difficile de faire son chemin, deviennent incontournables pour tout chercheur. Accessibles en ligne, elles ne nécessitent plus la présence physique dans un lieu donné : bibliothèque ou centre de documentation.
Rendent-elles pour autant obsolètes ces lieux ? L'intervention de Monsieur Abdelkrim Elaidi nous apporta un éclairage complémentaire, et fort instructif. Certes, les bibliothèques sont des lieux de documentation, mais elles sont aussi des espaces de socialisation, voire même d'identité pour le jeune étudiant, le jeune chercheur, qui doit effectuer le passage du lycée à l'université, puis des études à l'enseignement. Un lieu comme le CDES est fondamental pour effectuer ces passages. Dans son intervention de l'après-midi, Monsieur Mokhtar Meftah reviendra sur cet aspect, soulignant le fait que l'espace relativement exigu du CDES oblige en quelque sorte les lecteurs à la rencontre, au-delà des générations, des disciplines, des langues, des statuts sociaux… Ce lieu devient ainsi comme un creuset où s'élabore une multidisciplinarité. Il est aussi un lieu de tolérance, d'ouverture sur l'autre dans toute sa diversité, comme le rappellera Monsieur Salim Seihoub. Un ancien collaborateur aimait parler de convivialité.
Un étudiant, un chercheur, un enseignant n'a t-il pas besoin de ce genre de lieux, à Oran, comme à Alger ou à Ghardaïa ? La présence et les interventions de nos amis du CCU d'Alger ou du Centre de documentation saharienne de Ghardaïa nous l'ont fort justement rappelé. Chacun, avec ses spécificités, concoure au même but.
Mesdemoiselles Lamia Tennci et Hasnia Hamza-Zeriguet nous ont fait part de leur déjà riche expérience : du statut d'étudiantes ayant fréquenté le CDES, puis de membre de l'équipe d'animation, à celui de doctorantes qui est maintenant le leur, elles ont montré comment le CDES prenait sa place dans leur formation, aux cotés du GRAS, du CRASC et d'autres lieux.
Parti de presque rien en 1963, le CDES, par l'intermédiaire des enseignants issus de l'Université d'Oran et recrutés dans des Facultés de Wilaya plus éloignées, a comme « essaimé » à travers eux. Monsieur Mokhtar Meroufel, actuellement enseignant à Mascara, a fortement souligné l'importance de ce Centre dans son propre parcours et indiqué comment il incitait ses étudiants et ses collègues à venir s'inscrire au CDES. Ceci est vrai dans de nombreux autres centres universitaires, et les lecteurs nous viennent de 35 wilayas du pays.
Dans tout anniversaire, il y a les présents et les absents. Les présents étaient nombreux le 4 mai et il est impossible de les nommer tous. Mais il est important de souligner la présence de plusieurs membres de l'association des Amis du CDES, qui n'ont pas hésité à faire le déplacement depuis la France, pour assister avec nous à cet événement. Merci à son président, au trésorier, à la secrétaire, et aux membres présents. Merci aussi à tous les collègues qui se sont donnés à fond pour la réussite de cette journée. Merci enfin à nos sponsors : la BNP Paribas, Djezzy, l'hôtel Sheraton Oran, la superette El Menzeh, la pâtisserie Kraouti, et plusieurs autres qui ont tenu à rester anonymes. Les absents ? Il y en eu aussi, et nous l'avons regretté.
Quel sera l'avenir de cette institution ? La même question se pose depuis 50 ans, ou presque ! Pour le moment, elle fonctionne bien, même si son rôle est appelé à évoluer. Elle doit trouver sa place dans un milieu culturel, universitaire, documentaire, qui n'a plus rien à voir avec celui des années 60. D'autres institutions ont pris leur place, parfois très importante, les bibliothèques universitaires sont de plus en plus performantes. D'où l'importance de ne pas perdre de vue notre spécificité. Etre un lieu de documentation performant, bien entendu, mais aussi un être un lieu où les lecteurs et lectrices sont orientés, aidés dans leurs recherches, soutenus, connus personnellement et reconnus dans ce qu'ils sont, dans ce qu'ils font ; demeurer des lieux de socialisation à taille humaine.
Notre évêque, Jean-Paul Vesco, a conclu cette journée en faisant un parallèle entre l'histoire du pays, de l'Eglise Catholique dans le pays, et celle du CDES, et en essayant de nous projeter dans un avenir incertain, mais dans la confiance.
Un anniversaire, c'est enfin une fête autour du gâteau…. Et c'est ainsi que s'acheva notre journée…
Trois derniers mercis : au Centre Pierre Claverie et à son équipe, au Corsaire, pour la paëlla servie au repas de midi, et … au soleil qui a agrémenté cette journée !
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